Rue de l’archange

Par Claire Von Corda

– « Tes seins en goutte de pluie, moi, je les bouffe ! »

Rebeka jette sa clope et me plaque à la porte de l’immeuble. Le réverbère éclaire son visage, une voiture passe dans son dos. Elle respire contre moi, ses yeux brillent, elle m’embrasse brutalement sans les fermer. Sa langue est dure, sa bouche brûlante. Elle pénètre ma gorge. Remplie par son goût, écrasée par son assurance, je me laisse faire comme une débutante.

Son baiser mord, aspire, suce. Mon cœur bat fort, elle me sourit en pinçant de ses dents ma lèvre inférieure ; je mouille.

Dans un soupir chargé de tabac, elle pouffe :

– « Il est nul ton rêve ! La prochaine fois invente autre chose pour que je te baise. »

Je bafouille, elle ne me laisse pas répondre et sa bouche revient attaquer, aimantée.

Il fait chaud, mi-mai, la nuit, l’air de la mer se mêle à la pollution. Les odeurs de la ville sur la chair de Rebeka. Elle me lèche le menton, le cou, respiration rauque, la mienne saccadée ; je mouille. Elle parcourt ma peau, la taille plaquée à moi.

Dans l’encadrement de l’immeuble, le halo des néons colore en rose le sommet de sa tête, par la fenêtre au-dessus, une femme parle arabe au téléphone.

Rebeka se cambre, ses seins énormes écrasent les miens, elle enlève mon tee-shirt et croque mes tétons. Mes ongles se plantent dans son dos, je deviens folle.

– « Plus fort ! » Le cri sort de mon ventre.

Amusée, elle arrête deux secondes et me mate. Son sourire découvre ses canines pointues, un air de sale gosse, je la gifle. Elle se marre, mord l’air comme un chien, aboie. Je ris aussi, lui couvre la bouche d’une main, l’attrape par la ceinture, et la colle à moi. J’ouvre les jambes et me frotte à son short. La couture me branle, la canicule déjà là.

Mes mains s’enfoncent dans ses cheveux épais, elle adore, elle gémit. Sa poitrine grosse, opulente, elle la libère en tirant son débardeur qui disparaît sous la masse. Plus de voiture, pas de passant, la nuit est immense à ses côtés.

Dans la pénombre, je contemple ses larges tétons, énormes et blonds, ses seins jusqu’au nombril, je les chope, les malaxe, les pince, leur pointe devient dur. Je ne peux pas m’en empêcher, leur pouvoir attractif. Elle me fixe, bassin en avant, bouche entrouverte et dents pointues ; elle irradie le sexe.

Rebeka suce son index, son majeur et avec des yeux de chiennes les plonge dans ma chatte. Son poignet s’écrase entre mon short et mon clitoris, je retiens un orgasme.

Dévorée par l’urgence de la baise, je tire sur mes fringues, ne pense plus qu’à ça, enlève le bas et ouvre les cuisses. L’aller-retour de ses doigts dans ma culotte fait le bruit qu’on connait par cœur, ses bracelets tintent. Je suis liquide, camée, elle se tortille contre moi. Clouée par le plaisir, j’oublie le sien, je la mate, ses tatouages de marin, ses formes terribles. La sueur perle sur son duvet. Trop loin de la mer, l’air ne rafraîchit pas jusqu’ici, les relents de béton, les gaz d’échappement.

Elle me prend fort, elle me prend bien, je veux plus, les cinq à la fois. Je demande, elle exécute. La pénétration puissante me fait grimper sur les pieds, j’essaye de me tenir à l’encadrement de la porte, je n’entends plus rien en dehors du souffle de Rebeka, chaud dans mon oreille, un envoûtement. Rebeka respire, un relent d’herbes ou de terre émane de ses cheveux fous. Que Rebeka me fourre encore, voilà maintenant le plus violent de mes désirs.

Elle plonge dans mon cou et suce mes oreilles, son poing au-dedans, les battements de mon sexe dessus, je caresse son dos, ses épaules, ses seins. Je pince, pince fort les tétons, deux ronds blonds dans la nuit. Elle gémit, je n’en peux plus.

– « Jouis, petite conne » elle me croque le lobe. Je vais prendre mon pied, sa langue en gros plan, son parfum, son âme dans mes yeux, sa bouche rouge carmin, un vagin, un bulbe fuchsia, une plaie avenante.

Je dégouline sur sa peau, sa main remonte plus haut, ouvre, je ne connais rien d’autre que la prise de Rebeka. Flashs de couleur, le plaisir explose, ses doigts, des tentacules en moi, s’étendent, c’est délicieux, adorable, procurent le grand bouleversement, permettent l’accès au chaos, je crie, hurle, ruisselle, oublie.

Etalée sur la porte, je me soumets à ses doigts Majesté. Qu’elle me ruine et m’annule, je réside dans le creux de sa main, mon plaisir dans sa paume. Et l’orgasme me colle d’un coup, et la ville disparait.

Une bombe silencieuse dans la moiteur de la nuit. Mes yeux ne se ferment pas. Rebeka observe le mouvement de l’orgasme partir et une fois le voyage terminé, elle se retire, remonte son débardeur, attrape ma main, la sienne est moite, et ensemble nous continuons à descendre le boulevard.

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