Neptune 2031,
La mission arriva au terme de son voyage en août 2031. À près de 4,5 milliards de kilomètres de la Terre, les 8 scientifiques et les 6 astronautes de l’équipage atteignirent Neptune. Le vaisseau se plaça en orbite et ses occupants purent commencer ce pour quoi ils venaient de faire ce voyage de 10 ans et demi en sommeil profond. Sur Terre, la légende veut qu’être plongé en sommeil profond équivaille à vivre une Expérience de Mort Imminente. Pour ces voyageurs ce fut plutôt une succession de cauchemars qui au réveil se transformèrent en crises d’angoisses qui persistèrent plusieurs jours durant. Tour à tour ils se trouvaient en proie à un état de terreur dont les antidépresseurs fournis par la NASA ne venaient que difficilement à bout. Un si long voyage équivalait à un suicide car les temps de parcours étaient si longs qu’à leur retour tout aurait changé, le monde, leurs amis et proches, certains même seraient morts. De plus les risques d’accidents de toute sorte étaient immenses dans l’espace, à tout moment l’inconnue pouvait frapper. La science bien sûr mais aussi La réponse à La grande question avait motivé ce voyage, “sommes-nous seuls dans l’Univers ?“
Ce n’est qu’au bout d’une semaine après leur mise en orbite que les membres de la mission purent commencer à travailler. Plongés dans le silence, l’obscurité et le froid de l’espace, là où jamais aucun homme n’était allé. Ils entamèrent les recherches qui, tout le monde le pensait, allaient leur permettre d’entrer en contact avec l’intelligence extraterrestre dont treize ans auparavant les chercheurs de la NASA avaient capté un signal. Un son répété, qui leur parvenait toutes les 16 heures, ce qui correspondait à une rotation complète de la géante bleue. Une émission courte, très faible et altérée par la distance et les différents champs d’attractions des objets astraux croisés sur sa route. Nul doute que son origine provenait de cette planète du bout de la galaxie.
Mais après quatre mois à tourner en rond, loin de tous ceux qu’ils avaient laissés derrière eux, il n’y avait pas l’ombre d’une émission.
Encore huit mois plus tard et la mission fut considérée comme un échec. Le retour sur Terre était décidé.
Les sentiments de l’équipage étaient partagés mais au fond ils étaient rassurés et soulagés de quitter l’hostilité des confins de la galaxie qui les rongeait petit à petit et ne leur avaient apporté aucune réponse. À la prochaine rotation autour de Neptune ils se serviraient de la poussée fournie par celle-ci pour prendre un maximum de vitesse en direction de la Terre, ils avaient juste le carburant nécessaire pour une tentative, l’échec les conduirait vers une dérive sans fin dans les profondeurs des ténèbres.
Les sentiments de l’équipage étaient partagés mais au fond ils étaient rassurés et soulagés de quitter l’hostilité des confins de la galaxie qui les rongeait petit à petit et ne leur avaient apporté aucune réponse. À la prochaine rotation autour de Neptune ils se serviraient de la poussée fournie par celle-ci pour prendre un maximum de vitesse en direction de la Terre, ils avaient juste le carburant nécessaire pour une tentative, l’échec les conduirait vers une dérive sans fin dans les profondeurs des ténèbres.
Quelques heures avant l’allumage des propulseurs, un des scientifiques encore accroché à son casque entendit quelque chose. Un son très faible qui prit de plus en plus d’ampleur au fil des minutes d’écoute. Après vérifications, il s’agissait bien du même signal capté à la base de la NASA. Ils alignèrent leur vaisseau juste au dessus de là d’où il provenait. Le signal ne cessait plus, gardait toujours la même intensité et restait le même. Une onde relativement longue qui oscillait entre 10KHz et 13 KHz. Après trois jours de relevés du point d’origine, d’écoute assidue, d’échantillonnage, de découpage et d’analyses du signal, celui-ci changea brutalement et radicalement pour plonger dans des fréquences à peine perceptibles à l’oreille humaine. Un son abyssal, lourd et constant. Sans interruption, une onde de très exactement 38Hz. Cette basse prolongée était exténuante pour son auditeur et c’est au bout de quelques heures que les saignements de nez commencèrent. Suivis nausées et malaises. La décision fut prise d’interrompre momentanément les recherches. Malheureusement, le chercheur qui était à l’origine de cette découverte et celui qui l’écouta le plus finit par mourir dans un jaillissement de sang qui s’écoulait par ses oreilles, son nez et sa bouche. Une hémorragie générale l’emmena. Il fut remarquer que tous les fluides de son corps continuaient à s’échapper post mortem. Il se vida littéralement de tous ses liquides, se dessécha totalement, sa peau se rétracta autour de ses os, devint grise et rêche. Son cadavre ressemblait maintenant à une momie millénaire.
Rapidement après, tous les membres d’équipage étaient pris des mêmes vertiges et ressentaient des troubles de la vision ainsi que de l’audition. Les vomissements et malaises s’en suivirent. Puis par mesure de sécurité la NASA leur annonça que leur retour n’était plus envisageable afin d’éviter une contagion générale de la Terre.
Ils connaissaient le risque en partant, mais ils venaient d’être condamnés à mort dans un message crachotant de trente secondes. Aucune préparation psychologique ne permet d’envisager sa propre mort de façon calme. Une mutinerie éclata, certains tentèrent une mise à feu précipitée des réacteurs mais celle-ci catapulta le vaisseau loin de la Terre. Quelques heures plus tard, toutes communications furent perdues sans que la cause réelle n’en soit déterminée.
La nouvelle d’un contact extra terrestre s’échappa vite de la base et le son de 38Hz avec elle. Des centaines de milliers puis des millions de personnes s’envoyèrent et partagèrent la fréquence en quelques heures et avec, son flot de morts suivirent. La décision fut prise de couper toutes les communications de la planète pour endiguer cette propagation sauvage et meurtrière. Malgré cela, le mal était fait et seulement une très faible part des Hommes ne semblait pas foudroyée. Certains survivaient devant les yeux ébahis de ce qui n’entendirent jamais la fréquence et furent ainsi épargnés. Alors un espoir jaillit. Malheureusement il fut rapidement assombri par les profonds changements physiques et physiologiques qui apparurent à la suite. La texture de la peau mais aussi la forme des membres et des organes internes se trouvaient modifiés.
Il ne s’agissait pas simplement d’une onde sonore, c’était une sorte de virus qui pénétrait l’ADN pour le reprogrammer. Jamais l’on ne sut dans quel but ni qui avait envoyé ce signal jusqu’à la Terre. Quoiqu’il en soit les survivants devinrent des monstres au corps difforme, victimes de mutations profondes. Certains furent examinés, beaucoup furent traités comme des cobayes, des rats de laboratoires, disséqués, vivisectés même. La majorité furent exterminés par le reste de la population par peur de la menace qu’ils pourraient représenter.
Neptune 2031 – Photos & videos Arcin Sagdic
Space Faith. Science Fiction cycle. A quest in the deep space, feelings and nightmares. Curated by Hervé Coutin