All life long
Kali Malone
Par Manon Schaefle
Les 2 et 3 septembre prochains, à la tombée de la nuit, l’église du Saint-Esprit à Paris résonnera sous les vibrations mystiques de Kali Malone. L’organiste américaine, figure de proue de la scène expérimentale, s’apprête à livrer deux performances qui promettent d’être mémorables. À ses côtés, l’incontournable Stephen O’Malley, âme de SUNN O))) et maître du drone (metal), l’accompagnera à l’orgue, tandis que le groupe vocal Macadam Ensemble et OPUS333 aux cuivres ajouteront leur voix à cette cérémonie sonore.
Née en 1994 et exilée volontaire dans les brumes suédoises, Kali Malone s’est imposée comme une figure majeure de l’avant-garde musicale. Récemment, les parisiens ont pu découvrir son art immersif à l’exposition Au-delà à Lafayette Anticipations, où elle avait composé une pièce sonore envoûtante, une passerelle entre les mondes des vivant·es et des mort·es. Ses mélodies suspendues, imprégnées de mélancolie, semblaient ouvrir des couloirs où les énergies circulent, au-delà du temps et de la matière.
Avec des titres évocateurs comme No Sun to Burn, Retrograde Canon, ou Passage Through the Spheres, son dernier album All Life Long sorti en février 2024, transporte l’auditeur vers des hauteurs cosmiques. L’expérience est autant sonore que spirituelle, mais dans un registre qui dépasse le sacré religieux. Kali Malone cherche à nous faire toucher le céleste, à offrir à chacun·e la possibilité de plonger dans une contemplation profonde, une transe connectée à une autre dimension du réel.
Kali Malone élabore une démarche hybride et prométhéenne. Son geste musical, c’est une invitation à la transcendance, sans dogme ni morale, offerte à tou·te·s. Ses performances live transforment l’espace, où l’orgue, sublime et hypnotique, devient le portail vers l’invisible.
La fascination existante du public pour Kali Malone a pris racine avec The Sacrificial Code, cet album qui a laissé une empreinte indélébile sur la scène musicale. Pour le concevoir, elle s’était retirée dans une église suédoise isolée, capturant chaque note avec une minutie obsédante. Certaines notes, jouées si doucement qu’elles en devenaient presque inaudibles, se mêlaient aux résonances naturelles de l’église, créant une atmosphère mystique où la musique se fait ressentir plus qu’entendre.
C’est cette quête radicale, presque spirituelle, qui pousse Kali Malone à repousser les frontières de la musique, à la transformer en une expérience sensorielle et émotionnelle totale.