Made in Marrakech

Contrastes et Engagements : Un Aperçu de la Scène Artistique de Marrakech
Contrasts and Commitments: A Glimpse into Marrakech's Art Scene

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Texte de Elia-Rosa Guirous-Amasse.
Elia-Rosa Guirous-Amasse est une curatrice et autrice française d’origine kabyle-algérienne, basée entre Brooklyn, Copenhague et Paris. Travaillant principalement avec des espaces alternatifs compris et vécus comme des incubateurs d’idées radicales, sa recherche se concentre sur les subtilités des préjugés coloniaux au sein des technopouvoirs. Elle est titulaire d’une licence de philosophie, une licence de science politique, une maîtrise de science politique de l’Université de la Sorbonne et une maîtrise en administration des arts visuels de l’Université de New York. Elle a été commissaire d’exposition au Musée du Jeu de Paume (Paris), à la Haus der Statistics (Berlin) et aux Amarres (Paris), et a occupé des postes de commissaire d’exposition à Performa (NYC) et à la Housing Gallery (NYC).

Foire, n.f.,
1. Rassemblement important et public, organisé à des moments et lieux prédéterminés, permettant aux commerçants d’exposer et vendre leurs produits. Par extension, désigne également un lieu d’intense activité commerciale ou un marché spécialisé.
2. Évacuation liquide et fréquente des selles.
Points au Scrabble : 8 points

L’espace de la foire d’art est un espace plein de contrastes qui concentre ce qu’il y a parfois de plus odieux dans l’art contemporain. La foire incarne ce paradoxe du superflu. L’objet d’art y devient commodité, génère du capital. Supermarchés pour méga-riches, les foires d’art se transforment souvent en spectacles grandiloquents, flirtant avec le grotesque, où se dévoilent les excès du monde artistique. C’est là que se joue une danse étrange, mêlant la jet-set aux artistes et travailleurs de l’art sous-rémunérés, aux requins-galeristes et petites structures.
La 1-54 de Marrakech n’y manquait pas.

En partie installée à La Mamounia, ce palace bien orientaliste, où serveurs en tenues d’Aladin se mêlent aux boutiques Louis Vuitton, et aux Michel venus acheter de quoi décorer les murs de leurs résidences secondaires, cette foire, ou plutôt son off, réunissait pourtant les acteur.rices de la scène artistique du continent venu.e.s se retrouver pour quelques jours.
En 2016, la biennale de Marrakech, bien plus curatée et non-lucrative s’achevait faute de soutien des pouvoirs publics selon Mohammed Amine Kabbaj, son ancien directeur. Trop coûteuse à la multimillionnaire anglaise qui l’avait initiée plus d’une décennie auparavant, la biennale, pourtant appréciée de la scène locale, n’avait su trouver de relais pour pérenniser son affaire. Alors au milieu des jardins gorgés d’eau du palace asséchant les réserves voisines, on avait décidé d’y implanter la 1-54 en 2018. 

Le programme de la semaine était chargé. En parallèle à la 1-54 il y a le off. Le off, c’est un mélange de galeries commerciales à l’art mou et d’espaces “alternatifs” ultra-dynamiques. De toute façon, le Maroc c’est ça. Des grands hauts et des grands bas, et pas beaucoup de milieu.

Mais moi, j’avais la chance de naviguer dans ces eaux troubles en toute pérennité grâce à mon roi de Marrakech, Louisa Aarrass, artiste-chercheuse, curatrice, et membre du collectif Qanat. Qanat fait des recherches sur les politiques de l’eau au Maroc et l’urbanisme et a créé de nombreuses initiatives locales sur le sujet à travers des résidences de recherche, des publications et des programmes publics, avec la volonté d’une réflexion sur l’espace du commun. A l’origine, le Qanat (ou khettara en darija) c’est un système d’aqueducs et de puits qui alimentent la ville en eau. A mon arrivée, Louisa prend mon téléphone des mains. “Regarde-là. Toute cette zone grise, c’est la palmeraie. Avant, c’était verdoyant. Mais maintenant, l’eau est pompée pour alimenter les piscines, les jardins et pistes de golf des riads de luxe des environs.” C’est vrai. Je constate la poussière grise depuis la vue satellite de Google Maps.

Le premier jour, on se rend au Comptoir des Mines, tenu par le magnat de l’art Marocain Hicham Daoudi. Endroit pseudo-branché, ce soir-là il est rempli de français. À l’entrée, je mets 3 minutes à réaliser que seul le français est proposé comme texte descriptif pour éclairer le travail de l’artiste Hassan Darsi. Pourquoi traduire en darija ou en anglais quand leur clientèle est de toute façon principalement française. Une néo-col’ décomplexée.
S’il y a un fait que j’ai appris dans la vie, c’est que les intentions se traduisent plus vite que les mots. 

Malhoun Art Space

Fuyant l’endroit, on se retrouve à Malhoun Art Space. Ici, parmi les hauts plafonds de cet ancien appartement et accueilli par un dj set, on s’y sent tout de suite à l’aise. Malhoun a émergé il y a bientôt quatre ans avec la volonté de représenter la scène expérimentale tout en échangeant avec le monde, illustré par un partenariat récent avec des artistes japonais tels que Koharu Yamaguchi de l’atelier Mujun en résidence de septembre à octobre 2023. À l’ouverture, un travail de médiation illustre une volonté d’accessibilité et d’inclusion. Ici, tout est traduit en anglais, en tamazight, en darija et en français.
L’exposition H’dith o Mghezel ⵃⴷⵉⵜ ⵎⵖⵣⵍ حديث أو مغزل met en lumière une méthode de communication ancestrale basée sur des pratiques répétitives communes. Yamaguchi, par exemple, a collaboré avec des artisans couteliers et forgerons marocains, aboutissant à l’établissement d’une forge. Décorée de motifs amazigh symbolisant la protection, cette forge représente fertilité et créativité.

Cette exposition propose une introspection sur l’architecture du secteur de Guéliz ainsi que sur les zones avoisinantes des montagnes de l’Atlas, récemment ébranlées par le séisme du 9 septembre 2023. Elle cherche à créer un dialogue avec l’environnement dans lequel elle s’insère, comme en témoigne le projet de recherche mené par l’Atelier Atlas. Au premier étage, ces derniers présentent de vastes cartographies des villages affectées par le sinistre, explorant les enjeux de la reconstruction à travers différentes échelles. Plus de 2300 villages, déjà en situation de vulnérabilité, ont été impacté par le tremblement de terre.

Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
Double Revenance - From the series _ Sol Sans(g) Langue, 110 x 50 x 30, Clay, wood, steel, 2024, credit_ Nabil Himich

Ce soir-là, j’y rencontre l’artiste Nabil Himich dont le travail me révèle la ville ; parmi les sculptures présentes dans la salle au rez-de chaussée, se trouve cette œuvre qui résume les tensions qui émanent de l’urbanisme Marrakechais : une maquette mi-bâtiment de béton / mi-porte de palais ornementé. Des bouts d’architectures hybrides comme celui-ci, on en voit un peu partout dans la ville. Marrakech c’est un peu le Disneyland de l’Afrique du Nord, et son expansion urbaine engloutit tout sur son passage.

Plus tard, les mots de Himich me resteront en tête… ”Nous on connaît les Européens, mais eux ne nous connaissent pas”. C’est vrai. Cette phrase me rappelle le propos de l’écrivaine Sarah Ahmed…The West looks at the Est. The Est looks at the West looking at the Est”. A l’école, c’est à peine si nous effleurons la géographie africaine. Et moi, j’ai fui pour un petit temps le vieux continent et ses médias racistes, étouffée par la violence de ce dédain. Là-bas, je ne regarde plus les infos depuis bien longtemps. Ici, Al Jazira passe en boucle des reportages sur la Palestine, quand elle n’informe pas sur les dégâts de l’industrie fossile et le réchauffement climatique en Afghanistan, ou des mines de lithium en Argentine. Une ouverture sur le monde. Celui du Sud.

Overdose the loubia.

Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
©Goma x Khial NKhel

Khial Nkhel

L’espace de la ville est aussi le sujet de Khial Nkhel, un programme artistique monté il y a plus de six ans par Alia, Fatine et d’autres. Khial Nkhel c’est la contraction de “khial”, la projection ou l’imagination en arabe et “Nkhel”, le palmier. Situé près de la gare, ce quartier anciennement désertique est à présent l’objet d’un vaste projet immobilier savamment nommé  CAPRICE. Y poussent à présent d’énormes immeubles faits pour la classe moyenne mais aussi les touristes. Le palmier, dans le cas de Marrakech, définit la ville car la palmeraie qui entoure la médina est dite marginale, c’est à dire née d’elle-même, et non tracée. Le palmier comme symbole évoque donc la question de la migration du paysage, mais aussi de l’exotisme, et du soleil.

Cette semaine-là, le collectif GOMA, qui réunit des artistes de tout le pays dont Acoby, Blue Crab, BO3 BO3 et Adam Belarouchia, y présente l’exposition RWIDA WRIDA. Inspiré des paysages industriels du pays, mais aussi par le street art, l’espace est agencé de bâches en plastique taguées, d’échafaudages industriels, de fleurs en acier sculpté et de parpaings – éléments qui puisent leur inspiration dans le quotidien de la ville. Acoby m’explique s’être inspiré des bâtiments en construction de la ville et de la flore urbaine pour sculpter ses fleurs en acier. Cette expo fait écho aux propos de la curatrice Nouha Ben Yebdri qui tient l’espace  Mahal à Tanger que j’ai rencontré quelques jours auparavant au 18. “Je suis plus intéressée par les artistes marocains qui puisent leur inspiration dans l’environnement qui les entoure que par ceux qui souhaitent faire importer du sel de l’himalaya pour leur sculpture”. GOMA est donc en plein dedans. Les italiens avaient l’arte povera, la nouvelle génération le scavenge art, l’art de la récup. C’est à la fois un mouvement vers l’intérieur, mais aussi une compréhension profonde des enjeux de ce monde et de la finitude de ses ressources. On peut faire avec ce qu’il y a ici. Et il y a beaucoup de force dans cela.

Le dernier projet du collectif est ‘lkhlla’, un cycle de recherche entamé par le collectif qui explore les environnements de Marrakech. A l’origine, le ‘lkhlla’ c’est l’idée du vide, des espaces d’entre deux, entre la ville et la nature. Ces espaces à la périphérie des villes sont souvent ceux du sexe,de l’alcool et des activités illicites. Se rendant régulièrement dans les ‘lkhlla’, iels collectent sonorités, artefacts, et histoires restituées sous projet artistique.

Ce week-end-là, Khial Nkhel organise une fête dans un garage situé dans une ancienne zone industrielle utilisée pour le transit de trains durant l’exploitation coloniale. Cet espace satellite à Khial Nkhel est dédié à la recherche production. Dénué de toute prédilection pour les affaires ou la quête effrénée de subventions artistiques, Khial Nkhel a réussi à subsister pendant toutes ces années, et à être une plateforme pour la scène alternative de la ville. A présent, il faut sortir de la survie et pérenniser le projet. Je discute avec Manal aussi connu sous le pseudo de  gbw9 de self-orientalising. gbw9, iel, a décidé de quitter l’Europe pour s’installer définitivement dans sa terre natale. Elle me dit “Pick your poison”. Ici, c’est pas mieux que là-bas, ni moins bien. C’est différent. Mais au moins, il y a un alignement des valeurs. Certains parlent de décolonialisme et d’autres le pratiquent.

Cette pratique, elle passe par le fait de soutenir une scène fragile mais vibrante, d’être présent.e, de donner son temps, et souvent peut-être d’être dans l’ombre mais à l’instar du changement.  Sur le son ‘Rajawi Flistini’ entre deux tracks bass et brasileiro, gbw9 et la co-organisatrice et dj Gj Leith nous rappellent l’engagement de la scène, et l’importance de la résistance joyeuse*.

Pour moi, ce moment m’a recalibré le cerveau. Enfant de la diaspora, j’avais besoin de savoir que l’Afrique du Nord, c’était ça aussi.

*voir concept de Abdo Hassan sur la joyful resistance

 

Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
Alia, Fatine & Manal, credit_ KialNkhel
Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
©Goma x Khial NKhel
Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
©Goma x Khial NKhel
Bad to the Bone - Made in Marrakech - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Made in Marrakech, Bad to the Bone
©Goma x Khial NKhel

ENGLISH VERSION:

Text by Elia-Rosa Guirous-Amasse.
Elia-Rosa Guirous-Amasse is a French curator and writer of Kabyle-Algerian decent based between Brooklyn, Copenhagen and Paris. Working primarily with alternatives spaces understood and lived as radical ideas incubators, their research focuses on the intricacies of colonial biases within technopowers. They hold a Bachelor of Philosophy, a Bachelor of Political Science, a Master of Political Science from the Sorbonne University, and a Master of Visual Arts Administration from New York University. They curated at the Jeu de Paume Museum (Paris), Haus der Statistics (Berlin), and Les Amarres (Paris) and held curatorial positions at Performa (NYC), and the Housing Gallery (NYC).

Fair, n., (in French)

  1. A significant and public gathering organized at predetermined times and locations, allowing merchants to display and sell their products. By extension, it also refers to a place of intense commercial activity or a specialized market.
  2. Frequent and liquid stool evacuation.

    Scrabble points: 8 points

The art fair space is one filled with contrasts, concentrating sometimes the most odious aspects of contemporary art. The fair embodies the paradox of the superfluous. Art objects become commodities, generating capital. Supermarkets for the mega-rich, art fairs often transform into grandiose spectacles, flirting with the grotesque, revealing the excesses of the art world. Here plays out a strange dance, mixing the jet-set with underpaid artists and art workers, with gallery sharks and small cultural structures. The 1-54 in Marrakech was no exception.

Partly set up at La Mamounia, this orientalist palace, where waiters in Aladdin outfits mingle with Louis Vuitton shops, and Michels coming to buy something to decorate the walls of their secondary homes, this fair, or rather its off, nevertheless brought together actors from the continent’s artistic scene who came to meet for a few days.

In 2016, the Marrakech Biennale, much more curated and non-profit, ended due to a lack of public support according to Mohammed Amine Kabbaj, its former director. Too costly for the British multimillionaire who initiated it more than a decade ago, the biennale, though appreciated by the local scene, had not found a way to sustain its business. So, in the midst of the waterlogged gardens of the palace, which dry up the neighboring reserves, it was decided to implant the 1-54 in 2018.

The week’s program was packed. Parallel to the 1-54 there was the off. The off is a mix of commercial galleries with soft art and « alternative » ultra-dynamic spaces. After all, Morocco is that. Great highs and great lows, and not much in between.

But I had the chance to navigate these troubled waters in peace thanks to my king of Marrakech, Louisa Aarrass, artist-researcher, curator, and member of the Qanat collective. Qanat researches water politics in Morocco and urban planning and has created numerous local initiatives on the subject through research residencies, publications, and public programs, with the aim of reflecting on the space of the commons. Originally, the Qanat (or ‘khettara’ in darija) is a system of aqueducts and wells that supply the city with water. Upon my arrival, Louisa takes my phone from my hands. « Look there. All this gray area, that’s the palm grove. Before, it was green. But now, the water is pumped to feed the swimming pools, gardens, and golf courses of the luxury riads nearby. » It’s true. I see the gray dust from the satellite view on Google Maps.

On the first day, we go to Comptoir des Mines, run by the Moroccan art magnate Hicham Daoudi. Pseudo-hype place, that evening, it is filled with French people. At the entrance, it takes me 3 minutes to realize that only French is offered as descriptive text to illuminate the work of the artist Hassan Darsi. Why translate into Darija or English when their clientele is anyway mainly French. A neo-col’ without complexes. If there’s one fact I’ve learned in life, it’s that intentions translate faster than words.

Malhoun Art Space

Fleeing the place, we find ourselves at Malhoun Art Space. Here, among the high ceilings of this former apartment and welcomed by a DJ set, one immediately feels at ease. Malhoun emerged almost four years ago with the desire to represent the experimental scene while exchanging with the world, illustrated by a recent partnership with Japanese artists such as Koharu Yamaguchi from the Mujun workshop in residence from September to October 2023. At the opening, a work of mediation illustrates a desire for accessibility and inclusion. Here, everything is translated into English, Tamazight, Darija, and French.

The exhibition H’dith o Mghezel ⵃⴷⵉⵜ ⵎⵖⵣⵍ حديث أو مغزل highlights an ancestral method of communication based on repetitive common practices. Yamaguchi, for example, collaborated with Moroccan cutlery artisans and blacksmiths, resulting in the establishment of a forge. Decorated with Amazigh motifs symbolizing protection, this forge represents fertility and creativity.

The exhibition offers an introspection on the architecture of the Guéliz sector and the surrounding areas of the Atlas Mountains, recently shaken by the earthquake of September 9, 2023. It seeks to create a dialogue with the environment in which it is inserted, as evidenced by the research project carried out by the Atlas Workshop. On the first floor, they present extensive cartographies of villages affected by the disaster, exploring the challenges of reconstruction at different scales. Over 2300 villages, already in a vulnerable situation, were impacted by the earthquake.

That evening, I met the artist Nabil Himich, whose work revealed the city to me; among the sculptures present in the room on the ground floor, there was an artwork that summarized the tensions emanating from Marrakech’s urban planning: a model half-concrete building, half-ornate palace door. Pieces of hybrid architecture like this one can be seen all over the city. Marrakech is a bit like the Disneyland of North Africa, and its urban expansion devours everything in its path.

Later, Himich’s words stayed with me… « We know Europeans, but they don’t know us. » This sentence reminds me of the words of the writer Sarah Ahmed… « The West looks at the East. The East looks at the West looking at the East. » At school, we barely touch upon African geography. And I, for a while, fled the old continent and its racist media, suffocated by the violence of this disdain. There, I haven’t watched the news for a long time. Here, Al Jazeera continuously broadcasts reports on Palestine, when it’s not informing about the damages of the fossil industry and global warming in Afghanistan, or lithium mines in Argentina. An opening to the world. The one from the south.

Overdose of loubia.

Khial Nkhel

The urban space is also the subject of Khial Nkhel, an artistic program initiated over six years ago by Alia, Fatine, and others. Khial Nkhel is a fusion of « khial, » projection or imagination in Arabic, and « Nkhel, » the palm tree. Situated near the train station, this formerly desolate neighborhood is now the focus of an extensive real estate project aptly named CAPRICE. Towering buildings now sprout here, catering to the middle class as well as tourists. The palm tree, in the case of Marrakech, defines the city. Indeed, the palm grove surrounding Medina is considered marginal, born of itself, rather than planted. The palm tree as a symbol thus evokes the question of landscape migration, as well as exoticism and the sun.

During that week, the GOMA collective, bringing together artists from across the country including Acoby, Blue Crab, BO3 BO3, and Adam Belarouchia, presents the exhibition RWIDA WRIDA. Inspired by the country’s industrial landscapes but also by street art, the space is adorned with tagged plastic sheets, industrial scaffolding, sculpted steel flowers, and breeze blocks – elements drawing inspiration from the city’s everyday life. Acoby explains to me that he drew inspiration from the city’s under-construction buildings and urban flora to sculpt his steel flowers. This exhibition resonates with the words of curator Nouha Ben Yebdri, who runs the Mahal space in Tangier, whom I met a few days earlier at Le 18. « I am more interested in Moroccan artists who draw inspiration from the environment around them than those who wish to import Himalayan salt for their sculptures. » So, GOMA is right in the midst of it. The Italians had arte povera, the new generation has scavenger art, the art of recycling. It’s both an inward movement and a profound understanding of the challenges of this world and the finite nature of its resources. We can work with what we have here. And there is a lot of strength in that.

The latest project of the collective is ‘lkhlla’, a research cycle initiated by the collective exploring the environments of Marrakech. Originally, ‘lkhlla’ is the idea of emptiness, of in-between spaces, between the city and nature. These spaces on the outskirts of cities are often associated with sex, alcohol, and illicit activities. By regularly visiting these ‘lkhlla’, they collect sounds, artifacts, and stories that are then presented in an artistic project.

That weekend, Khial Nkhel organized a party in their research lab Garage located in a former industrial area used for train transit during colonial exploitation. This satellite space to Khial Nkhel is dedicated to research production and collective artistic experimentation. Devoid of any predilection for business or the frenzied quest for artistic subsidies, Khial Nkhel has managed to survive all these years and to be a platform for the city’s alternative scene. Now, it is necessary to move beyond survival and sustain the project. I talk with Manal, also known as gbw9, about self-orientalising. Gbw9 decided to leave Europe to settle permanently in their homeland. They tell me, « Pick your poison. » Here, it’s no better than there, nor worse. It’s different. But at least there is an alignment of values. Some talk about decolonialism and others practice it.

This practice involves supporting a fragile but vibrant scene, being present, giving one’s time, and often perhaps being in the shadow but at the forefront of change.

To the sound of ‘Rajawi Flistini‘ between two bass and Brasilero tracks, gbw9 and co-organizer and dj Gj Leith reminds us of the scene’s commitment and the importance of joyful resistance*.

For me, this moment recalibrated my brain. As a child of the diaspora, I needed to know that North Africa was also this.

*see concept of Abdo Hassan on joyful resistance

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