Officecore Unleashed :

Étude de l'Absurdité Corporate dans les Arts Contemporains.

A Study of Corporate Absurdity in the Contemporary Arts.

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Texte de Elia-Rosa Guirous-Amasse.
Elia-Rosa Guirous-Amasse est une curatrice et autrice française d’origine kabyle-algérienne, basée entre Brooklyn, Copenhague et Paris. Travaillant principalement avec des espaces alternatifs compris et vécus comme des incubateurs d’idées radicales, sa recherche se concentre sur les subtilités des préjugés coloniaux au sein des technopouvoirs. Elle est titulaire d’une licence de philosophie, une licence de science politique, une maîtrise de science politique de l’Université de la Sorbonne et une maîtrise en administration des arts visuels de l’Université de New York. Elle a été commissaire d’exposition au Musée du Jeu de Paume (Paris), à la Haus der Statistics (Berlin) et aux Amarres (Paris), et a occupé des postes de commissaire d’exposition à Performa (NYC) et à la Housing Gallery (NYC).

Officecore Unleashed - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Officecore Unleashed, Bad to the Bone
Please Hold performed by Denise Lim, Karoline C. Holland, Armin Hokmi, photographed by Louise Herrche Serup, hosted by HAUT and YC FESTIVAL 2023.

La performance « Please Hold » va au-delà de la simple critique ; elle sert de réveil brutal. Elle m’a rappelé ma propre naïveté juvénile à vingt et un ans, lorsque j’ai plongé sans enthousiasme dans le monde du marketing. Mon lieu de travail était une structure imposante et dystopique, à quarante-cinq minutes de Paris en RER, incarnant l’éthos écrasant du monde de l’entreprise. Aussi stimulant qu’une dose de somnifères, il est devenu un symbole frappant d’un environnement professionnel qui siphonne la vie, un thème que « Please Hold » dissèque avec précision et perspicacité. Cette performance ne se contente pas d’illustrer la monotonie étouffante de la bureaucratie; elle agit comme un choc électrisant, un appel au réveil face à la réalité engourdissante de la vie d’entreprise. Piégé.e dans un cube de verre de 9 heures à 17 heures, telle une marionnette, une coquille vide, je pitchais mécaniquement des enquêtes SAV après l’achat de SUV pour un géant de l’automobile française. Ce royaume artificiel, créé par les magnats de l’industrie des énergies fossiles, n’offrait qu’une compensation minimale. Mon bref passage là-bas, se termina abruptement en quelques semaines, signe du caractère jetable de ma personne. « Please Hold » capture cette essence avec un mélange d’humour et d’observation aiguë, nous incitant à réfléchir sur nos propres expériences dans ces labyrinthes corporate. C’est une performance qui ne parle pas seulement à ceux qui ont vécu des expériences similaires, mais qui résonne avec tous ceux qui s’interrogent sur l’impact de leurs choix professionnels sur leur être profond.

Officecore Unleashed - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Officecore Unleashed, Bad to the Bone
Please Hold performed by Denise Lim, Karoline C. Holland, Armin Hokmi, photographed by Louise Herrche Serup, hosted by HAUT and YC FESTIVAL 2023.

Affichant un calme et une retenue pendant les premières vingt minutes de leur performance, occupés à résoudre des sudokus, à se promener dans l’espace ou à manger une banane, cette sérénité s’est vite muée en une frénésie entraînante. Comme possédé·e·s par une soudaine urgence, les performeurs.euses se jettent alors la tête la première dans la corbeille à papier, se roulent au sol, renversent le décor. De leurs actions émane un tableau-bureau chaotique, émergeant de leur ennui profond, bien que méticuleusement mis en scène.

Offrant un commentaire sur les exercices chronophages de patience et de contrôle mental nécessaires à la survie du monde bureaucratique et des salles d’attente, ‘Please Hold’ me rappelait l’atmosphère de la célèbre série The Office. La nature pathétique de ces deux environnements ressuscite une inclinaison à l’absurdité. Dans un monde où les attentes imposées par notre société capitaliste manquent souvent de rationalité, la question se pose : pourquoi ne pas répondre nous-mêmes par le non-sens?

Chemises boutonnées, bureaux stratifiés, chaises ergonomiques et écran de PC des années 2010: voilà quelques-uns des éléments qui en composent la scénographie. Née de l’effort collaboratif de la danseuse/chorégraphe Denise Lim, du danseur/chorégraphe/acteur Armin Hokmi et de la performeuse Karoline C. Holland, ‘Please Hold’ fut le résultat d’une résidence artistique d’une semaine, lors de la dernière édition du YC Festival 2023 à Copenhague, au Danemark.

En contraste avec l’isolement caractéristique de ces emplois à la chaîne, le YC Festival 2023, organisé par le collectif HAUT, a su créer une utopie passagère marquée par le souci de la bienveillance. En invitant les spectateurs à des sessions interactives de retour sur les performances et workshops, HAUT a favorisé une implication active, à travers des repas communautaires et des soirées conviviales où l’on grillait des guimauves en compagnie des artistes. Toutefois, organisateurs et artistes n’ont pas manqué de souligner auprès du public le travail souvent sous-évalué et sous-rémunéré de ceux qui ont rendu cet évènement possible – reflétant de manière plus large les conditions de travail dans le secteur artistique et les limites de ces initiatives.

La quête effrénée de productivité et de standardisation relève de l’ironie. Le respect jadis accordé aux col blanc et au métro-boulot-dodo a mué. Avidité des multinationales, surveillance de masse révélée par les lanceurs d’alerte, et accroissement du fossé économique mettent en lumière la faille criante de ce système, contribuant par là-même à l’aggravation de la crise écologique actuelle. Un examen critique de la logique sous-jacente s’impose de toute urgence.

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Alexa West, Department of Aging, Performed by Jade Manns and Gwendolyn Knapp Photos by Miles Phlanz

´Please Hold’ m’évoque l’œuvre « Department of Aging » de la chorégraphe Alexas West, mise en scène à l’espace 99 Canal à Chinatown, New York, en mars 2023. Dans cette performance, les danseur·se·s  Jade Manns et Gwendolyn Knapp illustrent par leurs mouvements l’excès de l’effort et la futilité de l’hyper-productivité. Ils alternent entre des gestes brusques, « des envolées spectaculaires et des sauts énergiques jusqu’à de pathétiques shimmies*« , selon les mots de la curatrice Samantha Ozer. Les deux performeur·se·s, bien qu’étant tout.e.s deux présent.s.es sur scène, dansent par moments de manière à donner l’impression qu’ils.elles évoluent en solitaire, interagissant seulement avec un décor composé de caissons de bureau en métal étalés au sol, récupérés du département de la vieillesse de la ville de New York.

Le monde de la bureaucratie est un sujet récurrent pour la cofondatrice de PAGEANT, espace artistique autogéré à Brooklyn. Dans son œuvre « Human Resource » (2018), elle mêle des scènes de danseur·se·s amateur·rice·s à des captures d’écran d’e-mails contenant des directives somatiques telles que : « Étirez vos genoux et vos articulations » ou « Tendez les bras, saisissez vos orteils et maintenez ». Réalisée dans un espace de coworking à Houston, Texas, l’œuvre explore la productivité et la physicalité de ces espaces souvent stériles et monotones. En mettant en scène l’immobilité et le mouvement comme des anomalies et des boucles fictives, ils·elles privilégient lenteur et inefficacité dans des environnements habituellement dominés par la vitesse et le rendement.

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Alexa West, Department of Aging, Performed by Jade Manns and Gwendolyn Knapp Photos by Miles Phlanz
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Alexa West, Department of Aging, Performed by Jade Manns and Gwendolyn Knapp Photos by Miles Phlanz
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Alexa West, Department of Aging, Performed by Jade Manns and Gwendolyn Knapp Photos by Miles Phlanz

Pourtant, il y a une qualité intrinsèquement rassurante et réconfortante à l’espace du bureau. Ininflammables, insonorisés, méticuleusement mesurés, normalisés et formalisés, ils évoquent un sentiment de structure et de contrôle. Ils catalysent notre profonde soumission à la hiérarchie opérationnelle et notre volonté de nous y conformer. Dans son exposition ‘Continental Breakfast’ (2023) présentée à la Meredith Rosen Gallery, l’artiste suédoise Anna Uddenberg suggère même une relation érotique et BDSM avec l’environnement du bureau. Vêtues de jupes crayon et coiffées de chignons tirés à quatre épingles, les artistes Sally von Rosen et Mădălina Stănescu dégagent une sophistication froide et distante, évoquant l’image de strictes hôtesses de l’air ou de concierges de banques haut de gamme. Dans un décor facon banque américaine, sur une moquette criarde d’un bleu de carte de crédit et sous un plafond suspendu, les performeuses trônent sur des sculptures futuristes aux apparences à la fois d’instrument de torture et d’avion de ligne, dressant ainsi un tableau sarcastique de la modernité financière révélant ainsi cette tension évocatrice de l’environnement bureaucratique.

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Alexa West, Human Resources, Courtesy of Alexa West
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Alexa West, Human Resources, Courtesy of Alexa West
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Alexa West, Human Resources, Courtesy of Alexa West
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Alexa West, Human Resources, Courtesy of Alexa West

Enquêtant sur l’artificialité, la photographe parisienne Léa Hasbroucq, connue sous son alias de DJ Fausse Sceptique, se concentre également sur l’esthétique des employés de bureau, des « yuppies » et des structures architecturales du capitalisme tardif. Apparu dans les années 1980, le terme « yuppies » désigne les jeunes professionnels urbains et décrivait initialement des individus à succès et soignés. Un mode de vie qui, ironiquement, révèle un processus de gentrification sous-jacent. Dans ses photographies, les sujets sont capturés dans des poses souvent déplacées, apparaissant soit désespérés soit incongrus – capturant efficacement à la fois l’étrangeté et la froideur inhérente aux espaces d’entreprise ainsi que le profond sentiment de désespoir et d’isolement qu’ils évoquent.

Officecore Unleashed - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Officecore Unleashed, Bad to the Bone
Crédit ©Léa Hasbroucq
Officecore Unleashed - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Officecore Unleashed, Bad to the Bone
Crédit ©Léa Hasbroucq
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Crédit ©Léa Hasbroucq

L’enthousiasme initial pour l’IA et le progrès technologique, porté par John Maynard Keynes dans les années 1930, promettait d’automatiser les tâches ennuyeuses et répétitives. Cette approche visait à libérer les gens de ces tâches routinières, leur ouvrant des possibilités de s’engager dans des activités plus imaginatives et gratifiantes. En réalité, les professions créatives ont été les premières touchées par cette évolution, comme illustré par la récente grève des acteurs et des scénaristes à Los Angeles. En réaction à ce phénomène, l’exposition « L’Humain Irremplaçable – Conditions de la Créativité à l’Ère de l’IA« , présentée au Louisiana Museum au Danemark jusqu’au début de janvier 2024, incite non seulement à une profonde réflexion sur cette transformation, mais plaide également en faveur de mesures législatives et de changements concrets au sein de la société. En explorant les concepts de formalisme et de créativité, elle souligne l’urgence d’une réponse appropriée. Au cours d’une interview accordée dans le cadre de l’exposition, la journaliste et auteure Sarah Jaffe examine l’hyper-spécialisation prescrite par les entreprises, soulignant leur intention délibérée d’éloigner les employés de l’ensemble du processus de conception. Nées du fordisme et du taylorisme au début du XXe siècle, ces méthodes de gestion ont mené à des conditions d’emploi de plus en plus instables et précaires. L’artiste new-yorkais Josh Kline, également présent dans l’exposition, examine le rôle du travail de bureau et son évolution dans un futur proche. Les sculptures ‘By Close of Business (Maura/ Small Business owner)’ conçues en 2016, mettent en scène comptables, avocats et administrateurs de bureau – des professions qui devraient être en grande partie remplacées par l’IA dans les deux prochaines décennies. Pour l’artiste, ces reproductions réalistes de travailleur·se·s enfermé.e.s dans des sacs en plastique représentent une métaphore de ce sentiment collectif d’oppression.

Officecore Unleashed - Elia-Rosa Guirous-Amasse, Officecore Unleashed, Bad to the Bone
Josh Kline, By Close of Business (2016) at Louisiana Museum, Photography_ Elia-Rosa Guirous-Amasse

Devant des défis imminents tels que l’inflation significative, l’instabilité géopolitique, l’exploitation toujours plus acerbe des ressources naturelles, le ralentissement de la croissance, ainsi que le développement rapide de l’intelligence artificielle, les économistes anticipent un crash financier majeur en 2024, entraînant de larges pertes d’emplois et un horizon d’avenir incertain. Ces changements poussent alors à se questionner : si les travailleur·se·s sont perçu.e.s  comme des produits ou du capital humain, peuvent-ils·elles être écarté.e.s par la société comme du matériel de bureau obsolète une fois qu’ils·elles ne sont plus nécessaires ?

Abordant cette préoccupation, les économistes Coralie Perez et Thomas Coutrot, dans leur ouvrage de 2022 intitulé « Redonner du sens au travail – Une aspiration révolutionnaire », affirment que le travail devient véritablement significatif lorsqu’il incarne une qualité ‘vivante’, permettant l’épanouissement de l’intelligence individuelle et collective et favorisant la sensibilité et la conscience humaines. Cette vision est particulièrement pertinente dans le contexte de ce que l’activiste anarchiste et anthropologue David Graeber a décrit comme des « jobs à la con » — des formes d’emploi que même ceux qui les occupent jugent inutiles ou non nécessaires. En réponse à ce dilemme, Perez et Coutrot plaident pour renforcer le pouvoir des employés à influencer leurs conditions de travail, leur organisation et leurs objectifs, infusant ainsi leurs rôles d’un but et d’une importance plus grande.

Faisant échos à ces préoccupations, les artistes abordés s’engagent sur ces thèmes, utilisant leur travail pour critiquer l’absurdité et la redondance de certains emplois. Leur art devient une plateforme pour souligner l’urgence de repenser nos pratiques de production et pour défendre des droits du travail améliorés. Dans ce scénario, ces œuvres servent non seulement de reflet des préoccupations de la société, mais aussi de rempart contre le déshumanisation du travail. Employant l’ironie comme un outil critique, ils plaident pour une approche du travail plus humaine et significative.

*Les shimmies caractérisent les mouvements ou secousses rapides et saccadées du corps, généralement associées à la danse, en particulier à des styles comme la danse du ventre.

ENGLISH VERSION:

Text by Elia-Rosa Guirous-Amasse.
Elia-Rosa Guirous-Amasse is a French curator and writer of Kabyle-Algerian decent based between Brooklyn, Copenhagen and Paris. Working primarily with alternatives spaces understood and lived as radical ideas incubators, their research focuses on the intricacies of colonial biases within technopowers. They hold a Bachelor of Philosophy, a Bachelor of Political Science, a Master of Political Science from the Sorbonne University, and a Master of Visual Arts Administration from New York University. They curated at the Jeu de Paume Museum (Paris), Haus der Statistics (Berlin), and Les Amarres (Paris) and held curatorial positions at Performa (NYC), and the Housing Gallery (NYC).

The performance ‘Please Hold’ goes beyond mere criticism; it serves as a jolting wake-up call. It reminded me of my own youthful naivety at twenty-one when I entered the world of marketing for a summer. A forty-five minute RER journey from Paris, my workplace was a towering, dystopian structure -embodying the soul-crushing ethos of the corporate world. This job, as stimulating as a dose of sleeping pills, became a stark symbol of the life-sapping professional environment, a theme ‘Please Hold’ dissects with precise and insightful critique. This piece doesn’t just illustrate the suffocating monotony of such work; it acts as an electrifying shock, a wake-up call to the numbing reality of corporate life. Trapped in a glass cube from 9 AM to 5 PM, I felt like a marionette, an empty shell, mechanically pitching SUVs for a French automobile brand. This artificial realm, created by the moguls of the fossil fuel industry, offered nothing but minimal compensation. My brief tenure there, ending abruptly within weeks, ‘Please Hold’ captures this essence with a blend of humor and sharp observation, compelling us to reflect on our own experiences within these corporate mazes. Leveraging both visual art and physical expression, artists and performers are drawing from the unattainable benchmarks set by the corporate realm, offering a critique of these stringent work conditions – utilizing absurdity and hyper-realism as instruments to underscore the bizarre nature of these environments.

Initially composed and quiet for a good twenty minutes, engaging in activities like playing Sudoku, strolling around the room, or biting on a banana, the performers proceed to go into a frenzy, immersing their heads into the shredding paper bin and rolling onto the ground, creating a chaotic tableau-bureau provoked by their staged deep-seated boredom. Offering a witty commentary on the time-consuming exercises in patience and mind control required by offices and doctor waiting rooms, ‘Please Hold’ brought to mind the playfully ludicrous atmosphere of the series ‘The Office.’ The pathetic nature of both environments ignited an inclination towards absurdity. In a world where the expectations imposed by our late-stage capitalist society often lack rationality, the question arises: Why not respond with nonsensical logic ourselves?

Button-up shirts, laminated office desks, ergonomic chairs, and 2010 PC screen —these are a few of the elements that compose the set design for « Please Hold, » a performance created through the collaborative efforts of dancer/choreographer Denise Lim, dancer/choreographer/actor Armin Hokmi, and performing artist Karoline C. Holland. The result of a week-long residency, the performance unfolded at the latest edition of the YC Festival 2023 in Copenhagen, Denmark.

In stark contrast to the isolationist nature of corporate settings, the YC Festival 2023 organized by the HAUT collective effectively crafted a fleeting utopia and a collective endeavor. Extending invitations to the audience for feedback sessions after performances, HAUT encouraged participation through shared meals and marshmallow grilling with the artists, although producers and artists reminded the audience of the underpaid work of all the people who made this initiative possible.

In a similar manner, ‘Please Hold’ reminded me of choreographer Alexas West’s “Department of Aging” that premiered at 99 Canal in Chinatown, New York, in March 2023. In “The Department of Aging,” dancers Jade Manns and Gwendolyn Knapp perform phrases demonstrating miscalculated excessive effort in showmanship and futility. Oscillating between sudden movements, “high kicks and furious jumps to pathetic little shimmies” – to quote curator Samantha Ozer – the two dancers, who at times move as if in a solo presentation, often engaged with a landscape of public surplus cabinets from the city’s Department for the Aging. West – who co-founded the DIY artist-run space PAGEANT located in Brooklyn – is no stranger to delving into the exploration of office environments. In « Human Resources » (2018), footage featuring untrained dancers within the office landscape is juxtaposed with screenshots of email exchanges sharing somatic instructions: « Stretch your knees and joints » and « Reach out with both arms, grabbing onto your toes and holding. » Shot in a Houston, Texas office suite, the piece brilliantly scrutinizes concepts of productivity and embodiment within cubicle settings characterized by varying shades of gray. Presenting stillness and movement as a fictional glitch and loop, performers deliberately engage in slowness and purposeless behavior in environments that typically demand speed, performance, and efficiency.

The relentless chase for extreme productivity and uniformity does carry a distinct sense of absurdity. The admiration once bestowed upon white-collars has dwindled significantly among the younger generation. Corporate greed, pervasive surveillance highlighted by whistleblowers, and the widening wealth gap—all underscore the deep-seated dysfunction within this system, ultimately contributing to the ecological crisis unfolding before us. There is a pressing need to scrutinize the rationale behind it all.

Yet, there is an inherently reassuring and comforting quality to offices. Fireproof, sound-proof, meticulously measured, normalized, and formalized, they evoke a feeling of structure and control. They catalyze our deep submission to operational hierarchy and willingness to submit to it. In her solo exhibition ‘Continental Breakfast’ (2023) presented at the Meredith Rosen Gallery, Swedish artist Anna Uddenberg even suggests an erotic and BDSM relationship to the office environment. In their pencil skirt suits and hair slicked back into impeccably tight buns, performance artists Sally von Rosen and Mădălina Stănescu exuded an air of haughty sophistication, reminiscent of discerning flight attendants or exclusive bank concierges. For the opening, they sat perched atop sleek, futuristic sculptures that conjured images of both a torture device and an airplane in a room covered with lavish hue of Chase credit card blue, beneath an overhead suspended ceiling. This portrayal of office environments as spaces of control and eroticism, underscores the artist’s exploration of capitalist structures, reflecting a profound commentary on the complex relationship between power, desire, and the workplace.

Investigating artificiality, Paris-based photographer Léa Hasbroucq, known by her DJ alias Fausse Sceptique (i.e. false skeptical but also septic tank), also focuses on the aesthetics of office workers, « yuppies », and the architectural structures of late capitalism. Coined in the 1980s, the term « yuppies », stands for young urban professionals, and initially described successful and polished individuals—a lifestyle that, ironically, unveils an underlying gentrification process. In her photographs, subjects are captured in often out-of-place poses, appearing either desperate or incongruous – effectively capturing both the oddity and the inherent coldness of corporate spaces alongside the deep-seated feeling of despair and isolation they evoke.

The early optimism about AI and technological advancements, spearheaded by John Maynard Keynes in the 1930s, focused on the promise of automating monotonous and repetitive tasks. This perspective envisioned liberating humans from these mundane chores, thereby enabling them to devote more time to creative and fulfilling endeavors. However, the current events reveal a notable impact on creative roles, exemplified by the recent actors and writers strike in Los Angeles. The exhibition « The Irreplaceable Human – Conditions of Creativity in the Age of AI, » on display at the Louisiana Museum in Denmark until early January 2024, critically explores these developments. It not only prompts reflection on the changing landscape but also advocates for legislative actions and societal shifts. Examining concepts of formalism and creativity, the exhibition underscores the immediate need to address AI in relation to labor law and ethics. Journalist and author Sarah Jaffe, in an interview, emphasizes that the hyper-specialization enforced by corporations was explicitly intended for substituting human tasks with robots. Originating from Fordism and Taylorism in the early 20th century, these management techniques have led to increasingly precarious employment situations. The New York artist Josh Kline, also showcased, contributes to this discourse by examining the role of office work and its evolution in the near future.  In ‘By Close of Business (Maura/ Small Business owner),’ (2016), Josh Kline’s lifelike sculptures of accountants, lawyers, and office administrators, encased in plastic bags, poignantly symbolize a collective sense of oppression in the face of their looming replacement by AI technologies within the next twenty years. While hyper-realistic sculptures in tourist attractions such as the Musée Grévin celebrate the glamour and allure of celebrities and public figures, Kline’s work strikingly contrasts this by portraying the precarity of everyday workers and highlighting the grotesque aspects of a system that fails to safeguard them.

In the midst of imminent challenges like significant inflation, geopolitical instability, escalated exploitation of natural resources, slowing economic growth, and the rapid advancement of artificial intelligence, economists are predicting a severe financial downturn in 2024. This expected slump, likely leading to widespread job losses and a future shrouded in uncertainty, raises a critical question: In a world where workers are often seen as mere commodities or human capital, can businesses afford to discard them like outdated office equipment when they’re deemed no longer valuable?

Economists Coralie Perez and Thomas Coutrot, in their 2022 essay Redonner du sens au travail – Une aspiration révolutionnaire (Giving Work New Meaning: A Revolutionary Aspiration) assert that work becomes truly significant when it embodies a ‘living’ quality, enabling the flourishing of individual and collective intelligence and fostering human sensitivity and awareness. This view is particularly relevant in the context of what anarchist activist and anthropologist David Graeber described as « bullshit jobs » — forms of employment that even those holding the jobs feel should not or do not need to exist. In response to this dilemma, Perez and Coutrot argue for empowering employees to have a greater say in shaping their work conditions, organization, and objectives, thus infusing their roles with greater purpose and significance.

Echoing these concerns, the discussed artists are engaging with these themes, using their work to criticize the absurdity and redundancy of certain jobs. Their art becomes a platform to highlight the urgency of rethinking our production practices and to champion enhanced labor rights. In this scenario, these works serve not just as a reflection of society’s concerns but as a bulwark against the dehumanization of work. Using irony as a critical tool, they advocate for a more humane and meaningful approach to work.

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