BLACK KNIGHTS OF TUNIS
Photo & texte Julien Rubiloni
Tunis, 2022. Une jeune génération asphyxie. Elle est en quête d’identités, cherche un sens au-delà des repères établis. Elle crée une bulle sociale afin de se protéger et approfondir sa quête de liberté, une autre dimen- sion où satisfaire un besoin d’expression, de respiration, de confusion, d’éruption, d’expérience, de contournement, de rejet, de recherche, d’arrachement aux critères de définitions sociales imposées. Parfois à ses dépens, car anarchiste, elle survit en marge de la société afin de pouvoir fuir/jouir/expérimenter sa propre réalité nouvelle et opposée à celle de ses ainés, loin des regards, loin des jugements. On la veut invi- sible, indésirable : elle y puise sa force
S’ensuit une confrontation sourde et parfois virulente avec l’autorité en place, entraînant nombreuses confusions psychologiques, pour sur- passer l’obstacle, transcender son existence et s’ouvrir à d’autres possibles. Elle résiste et s’explose, s’expose, à des murs d’incompréhension et d’interdits qui accentuent sa réaction d’opposition parfois violente, provocante, faite de révolte et de colère, mais aussi d’amour et d’absurde : échapper au feu par le feu. Un mal être terrible, un mal être total.
Le projet BLACK KNIGHTS (of Tunis) est un projet documentaire multidi- mensionnel autour de la jeune communauté underground tunisienne : depuis plusieurs mois j’ai entrepris un travail immersif avec certains in- dividus de la communauté, partageant et documentant des bribes de leur quotidien, souvent nocturnes, d’où l’utilisation d’une caméra infra- rouge dites de chasse afin de capturer ces « créatures indésirables ». BLACK KNIGHTS est aussi un projet expérimental par la manière et l’as- pect esthétique dont je traite le sujet et par la multitude des médiums utilisés.
