Surveillance

 

Texte et musique de Maxime Pelletier.
Écrit et composée en exclusivité pour Bad to the Bone. Maxime Pelletier est autrice et musicienne. Elle fait partie de l'agence Pilori Prod où elle est bookeuse et programmatrice

Berline. Comfortable. Une skoda. Grise, métallique. Si prévisible. Le nuancier est pauvre de nos jours. Pffst, fâde, blafard. Cafard, il regrette les couleurs des vieilles bagnoles. Les crèmes délicates. Les nacrées. Laquées. Entre deux tons. Délicieuses comme un cheesecake fondant. Bien jaune. Coquille d'œuf. Ou poussin. Selon si on tardait à le manger. Avec une mousse fouettée, dont les bulles d’air éclatent presque au contact du couteau qui vient la découper. Cette sensation, tzzz, quand la lame plonge facilement dans le beurre mou et qu’elle ressort tendrement de cette muqueuse laissant sur son passage quelques traînées encore chaudes. Qu’on vient lécher, lentement. Comme un avant-goût de ce qui nous attend. Le gris, lui, n’est pas sensuel. Il est juste froid. Certains aiment ça. Lui pas. Mais il s’en contentait. Pas le choix. Il imaginait alors l’intérieur. De la Skoda. Non pas les divers gadgets électroniques, tic tic, que les adultes adorent manipuler, joujou, non, ça, il s’en fout royalement, mais plutôt son design. Ses sièges. Fermes. A l’allure farouche mais que des fesses généreuses viendraient épouser pour s’y enfoncer, carrément. Profond. Le volant, large, tenu fermement par des mains robustes. Les doigts épais qui s’enroulent autour du boudin arrondi. Phalange par phalange. Parfois son conducteur viendrait tapoter dessus et on entendrait les cliquetis de ses ongles sur le cuir. Probablement agacé. Nerveux. Alors il jetterait un regard, de braise, euh baise, en direction du rétroviseur, pour croiser en miroir la vie à l’extérieur, par derrière, pour s’assurer que la voie est libre.
Elle l’est.
La Superbe. Roule alors doucement, prudemment dans cette enfilade en escargot. Il la voit depuis son écran de surveillance tentant sa chance au premier étage. Sous terre. Il compte toujours en mesure inverse. Les étages et les heures. Il commence le boulot à 8 heures. Comme tout le monde. Mais lui, du soir. Et il y surveille du premier au troisième étage. D’un parking souterrain. Personne ne s’y engouffre sans qu’il n’y ait prêté attention. De 20h à 6h du matin, tout du moins. Il épie les arrivées et sorties de tous les bolides. Et son œil est alerte. Oui, il s’adonne à son métier avec passion. Le diable au corps et la queue à l’air. Toujours. Son petit rituel à lui. Il entre dans sa cabine. Dépose sa banane sur la table et son pantalon aux chevilles. Une main sur la souris, l’autre sur le clavier. Oui, en premier, il compose mot de passe et compte d’utilisateur. Pour que le miracle se produise et qu’en tant que maître des lieux, lumière soit faite sur son périmètre. Parcmètre final délimitant ses dernières obligations. Une fois introduit dans le système, son regard se balade sur les différents écrans, et sa main - la première à apprécier les sentiers battus - peut reprendre du service. Son vice, son petit truc à lui. Admirer la carrosserie, les belles jantes. Chromées. Et ses passagers. Inconnus. Qu’il ne peut qu’entre apercevoir ou disons le clairement, qu’il s’abandonne à imaginer. Et sous le capot triste d’une voiture tchèque, il agite ses neurones aussi fort que son poignet pour voir apparaître son conducteur. Un grand blond à la mâchoire carrée. La clim allumée et la veste ôtée. Posée sur le siège d’à côté. Car, il ne conçoit pas d’intrus dans le véhicule. Non, quand le halo de leurs phares balaye son antre, son repaire, son terter, il est seul. Seul avec la voiture. Et des voitures, il y en a pas mille dans son parking. De nuit, dans cette petite ville dont le dynamisme ne s’offre que quelques troquets, il n’y a pas foule. Alors chaque berline touche son cœur. Euh sa teub. Hmm… Pareil. Et même s' il a un penchant pour les vieilleries. Celle qui crépite du moteur, dont l’huile coule tendrement du pot. Il n’en reste pas moins friand de tout ce qui venait. Venait, entrait et ressortait. De son parking. Garage à bite.
Mais il fallait oublier les cabriolets, les James Dean au cœur écorché et à la verge douce, aux muscles aussi secs que leurs paumes de main. De toute évidence, l'heure est à la prudence. Aux daddy boys qui n'auraient pas osé le regarder mais qui, une fois à l'abri des regards, lui mettraient le grappin dessus fissa fissa dans les chiottes. C’est vraiment la première fois que ça m'arrive, aurait-il dit. Il s’en foutait. Car en vrai ça ne lui arrivait jamais. Grand nigaud qu’il est. Il reste là, derrière son logiciel aussi vieux que ses manières, à rêver le monde.
Son monde à lui.
Délimité par un parcmètre.
Alors quand rentre la Skoda, mmmhh mama, il dissèque tous ses éléments. Un par un. Lentement. De fond en comble. Il s’attarde d’abord sur son pare choc strié, lacéré de haut en bas comme de larges coupures. Il imagine l’engin qui viendrait fendre cet aluminium. La puissance de sa rotation pour inciser précisément les trous qui permettrait à la machine de respirer. Il imagine l’air chaud sortir de ces nouvelles bouches. Il imagine l’embrasser et sentir ce souffle dans son cou. Dans sa gorge. Venir s’introduire loin dans son oesophage jusqu’à ne faire qu’un avec son propre souffle. Mélanger leurs haleines. Il toucherait du bout des doigts ces cavités et enfoncerait volontier son index pour venir tâter l’intérieur. L’intérieur moite, caractéristique d’une activité récente. Puis il balayerait de caresses, oh oui, le torse bombé de la carrosserie. S’envisagerait nu sur le capot un instant. Pour se réchauffer. Sentant sa sueur entre le vernis de l’acier et l’épiderme de sa peau, se faufiler comme un lubrifiant périmé, un lubrifiant spongieux et gluant qui, séché, vient fixer les nouveaux amants ensemble à tout jamais. Soit, il n’a pas l’intention de bouger. Non, car torse contre torse ils peuvent danser. Et de là, une belle vue s’offre à lui. De là, il peut enfoncer son regard dans sa baie vitrée panoramique qui ne laisse aucune place à l’imagination… Oui, il imagine tout voir. Toutes ses coutures. Ses miettes oubliées au fond du dossier. Ses mouchoirs usagés dans la boîte à gants laissée négligemment ouverte. Il aime la négligence, les détails du quotidien exposer à l'air libre, tout ce qui peut alimenter son voyeurisme.
Il inspecte ses moindres recoins. Scrute. Puis sculpte autour. Autour d’un réel, il fabrique sa vision. Il y ajoute alors tous les ornements nécessaires. La Skoda miniature sur son écran, grandit, grossit, et devient pleine. Pleine à craquer de détails inventés qu'il fixe ensuite un à un, lui-même comme un bon mécanicien. Puis, roule bamboule, il se plonge dans ses tuyaux. Draine son esprit pour qu’il le conduise à ses désirs. Il plonge loin, jusqu'à arriver au fond du sujet. Le sujet lui-même. L’homme derrière le moteur. L’homme doit être blond. Un grand blond typé hollandais. 1m90 au garrot et quelques centimètres supplémentaires si on compte l’épaisseur de ses cheveux dorés. Une vraie touffe. Comme une crinière de lion. Il doit souvent passer ses mains dedans. Enfin lui, l’aurait fait en tout cas. Il l’aurait caressé. L’aurait brossé, coups après coups, pour qu’elle brille de mille feux. Aurait inséré ses doigts entre ses poils longs et doux. Aurait encrassé tout ça jusqu’à ce qu’à les faire suinter, qu’un jus coule hors de sa toison et délivre une huile bien liquoreuse mais pure qui dégoulinerait entre les boulons et se forcerait un passage dans leurs cylindres pour faire turbiner le moteur.
Sa mâchoire serait carrée donc. Ils ont tous la mâchoire carrée. Sa divagation est assez limitée. Faut dire qu’à ce moment-là, il est déjà occupé à astiquer son manche et qu’il a d’autres chats à fouetter que de s’éparpiller Il a un profil type pour une voiture type.

Mais pendant ce temps là…

La Skoda se gare au deuxième étage. Pourtant il y a de la place au premier, ce qui le perturbe. Pourquoi choisir la difficulté ? Quelles sont ses intentions ? Il doit alors monter un étage supplémentaire. Quelle affaire...
Mmmmggnark. Hen, hen. hen.
Sa respiration devient de plus en plus saccadée. Il lui arrive même dans ces moments-là, de compter jusqu’où il peut aller avant de ne plus en pouvoir. Il retient son souffle, il compresse son membre et il compte.
Un. Deux. Trois. Hen. hen. Hen.
Il compte jusqu’où il peut aller avant de devoir tout rejeter. Expirer. Éjaculer. Mais il s’arrête avant. Avant de mourir. Avant de jouir. Pour faire durer ce plaisir plus longtemps. L’un entraînant l’autre. Car il ne vivait que pour ça. Pour reluquer d’en haut, les voitures d’en bas. Et celle-ci qui bifurque, change ses plans, le dérange.
Non ! Il faut d’abord remplir le premier étage avant de s’engager dans le deuxième, enfin ! Quelle idée ! C’est du bon sens !
Non ? Hmm.. hen. hen. hen
Étrange, étrange…
Mais la Skoda avait bien ses raisons, oui … Tout le monde a ses raisons. Pour faire n’importe quoi. Raison qu’il comprendrait peut-être plus tard. Quoiqu’il en soit, il était venu se poser là, à cet étage sans souci. Sans encombre, où il pouvait se garer à sa guise, sur n’importe quel emplacement. Il en avait d’ailleurs pris deux. Comme un sagouin. Le cul entre deux chaises.

Il sort de la Skoda. L’homme en noir et blanc. Ils sont tous en noir et blanc. Sur son écran. Bel homme élégant. Au chic sans pareil. Costume italien. Cintré. Ce genre de costume que portent les présentateurs télé. Une sorte de Delahousse des campagnes. Quel genre de métier pouvait-il exercer ? Un RP en visite d'affaires ? Un avocat qui défendait une cause perdue ? Un politicien qui vient rendre visite à sa grand-mère sur le point de mourir ? Il le préférait véreux et sans attache. Un RP. Oui c’est bien ça… hen. hen. hen.
Il le voit partir en claquant la porte. Sortir par l'issue de secours puis revenir quelques minutes plus tard d’un pas hésitant. Mais enfin qu’est ce qui lui prend ? Rien ne se passait comme il voulait. Sa main relâche la pression quand il le voit fouiller dans ses poches.
DANS LA SACOCHE ! Enfin. LA CLÉ ! DANS LA SACOCHE.
Il débande presque. Voilà que son beau blond tremble. Enfin il en avait tout l’air. L’air de ne pas savoir ce qu’il faisait. Il ne méritait pas cette mâchoire. Non. Il méritait sûrement cette Skoda par contre. Minable.
Il ouvre alors sa sacoche pour déverser son contenu à même le sol. AAAAH elle est là, la coquine aurait pu dire son bellâtre. Il pouvait aussi se taire. Tout était possible. De son cockpit rêverie et réalité se confondaient et il devait souvent faire la conversation tout seul. Seul avec ses songes. Des songes animés qui défilaient devant ses yeux servant de supports à ses fantasmes. Quoiqu’il en soit le RP presse le bouton pour désenclencher la sécurité de l’auto et les phares clignotent comme pour le saluer.
Bonjour humain, bienvenue à bord !
Bonjour qu’il répond alors, poli et avec une idée derrière la tête. A ce moment-là le RP et son bolide ne font plus qu’un. Et même si la Skoda a des tas de rendez-vous d’affaires, elle semble tout à fait prête à entamer une discussion avec lui. Elle lui ouvre la porte pour l’inviter à entrer. Déjà se dit-il. Pas froid aux yeux celle-là.
Cette nouvelle lui redonna le sourire. Euh la trique. Hmmm pareil.

En réalité, après une rapide plongée en direction de la banquette arrière, l'homme qui n’était pas un RP en ressortit décoiffé mais affûté d’un horrible pull over, qu’il recouvrit promptement de son costume cintré. Sauf que maintenant, il n’était plus cintré mais tout simplement trop serré. Quelle faute de goût.
Et devant un fashion faux pas aussi flagrant, il ne put se résoudre à continuer ses flâneries romanesques. Non.
Le RP des campagnes ne correspondait plus à ses valeurs. Actuellement il l’imaginait tout au plus vendre du papier toilette bas de gamme ou un traitement nasal à l’eau de mer. Pas de quoi en déboucher un coin. En tout cas pas son coin.
Il n’y avait donc rien d’étonnant à ne pas se laisser charmer par la brutalité de la vérité, par son implacable rejet de toute forme de beauté. Oui la vérité est laide car justement elle ne fait pas semblant. Elle balance bêtement ce qu’elle est sans essayer d’y mettre les formes. Stupide. Stupide vérité.
Il ne s’emmerdait pas de cet axiome et penchait pour l’idéal, vers ce qui aurait pu être. Une Skoda en voyage d'affaires. Classe. Une hybride probablement, de celles qui savent mettre du piment et contrebalancer les codes. De celles qui s’embrasent à voile et à vapeur. Qui, dans l’obscurité d’un parking, invite un sombre inconnu à secouer sa banquette arrière. Sans aucune finalité. Juste un coup rapide avant d’entamer sa journée.

Un coup rapide. Un seul. Oui seul. Comme d’habitude il se retrouve seul, les inconnus entrent, viennent, garage à bite, sa bite seule dans ce cockpit. Il peut se branler ainsi toute la nuit, sans jouir. Il se retient inlassablement, pensant au moment parfait qui ne vient jamais. Il ne vient jamais. Il ne s’en sort plus, de cette boucle dans laquelle il est tombé depuis plusieurs années. Combien, il ne se rappelle plus. Depuis combien de temps n'a-t-il pas parlé à quelqu’un. Qu’il n’a pas tout simplement jeté son dévolu, ses yeux dans ceux, son sexe dans. Il ne se rappelle plus. Et jusqu’ici, il n’y avait pas vraiment réfléchi. Pourtant ce soir, il a envie de chialer, d’éclater en sanglots tout simplement, de lâcher les vannes. Il se sent vide et plein à la fois. Vidé de ces nouvelles émotions qui émergent subitement. Sans parvenir à comprendre s' il doit les retenir ou les laisser partir. Dans quel cas serait-il soulagé, dans quel cas serait-il moins seul. Si elles s’échappaient, allaient-elle revenir vers lui ? Ou les laisseraient elles tomber comme tout le monde l’avait fait jusque là. Non pas cette fois.

Il est approximativement une heure du matin quand, enfin, son soupirant, supposé, aspirant, pointe le bout de sa truffe. Humide. En bonne santé le RP ? Non simplement trempé, de la tête aux pieds. De son cockpit, il en oublie la météo. Le monde extérieur sans saveur. Il doit pleuvoir des trombes. Il le voit ruisseler sur le béton ciré. Plic. Ploc. Il est tout nul dans ses vêtements rincés. Rincé le pauvre. Et sans sacoche ! C’est pas vrai, mais quel abruti ! Il voulait lui dire. TU AS OUBLIÉ TA SACOCHE PUTAIN !
Il ne bande plus.
Le pantalon toujours aux chevilles, il se réveillait tout juste d’un petit somme. Comme par hasard… Il sent ce genre de choses. Il est du métier. Il ne loupe rien. Pas une miette. Pas un crissement, qu’il n’aurait, de toute façon, pas entendu - la surveillance n’offrant malheureusement pas la parole aux gestes - mais qu’il sent comme si le son résonnait dans ses organes. Organe que le moindre pneu fait lever en l’air. Au rendez vous ! Une deux une deux ! Son fidèle soldat ne le déçoit jamais. Bon toutou. Il le caresse pour le féliciter. Tout doux… Il a beaucoup d’empathie pour son membre à l’allure étrange. Entre deux tons lui aussi. Au fond, ils sont un peu les mêmes tous les deux. Des incompris. Et du plus loin qu’il se souvient, il a toujours été là pour lui. Peut-être même est-ce son meilleur ami.
Je peux le dire oui ?
Oui..?
Peu bavard, il acquiesce pourtant franchement en opinant du chef, par petite saccade quand il le gracie d’une bonne poignée de main. Affectueuse. Ce genre de poignée de main qu’on offre à son meilleur ami. Oui, il en est sûr, ils s’aiment à leur manière. Comme deux handicapés sociaux qu’ils sont. Incapable d’exprimer leur émotion.
Pourtant, à la vue de ce RP qui se dépatouille maladroitement pour enlever son pull devenu éponge, il ressent une émotion.
Oui.
L’agacement.
Exaspéré. MAIS C EST PAS POSSIBLE ! LA MANCHE LÀ, TU SORS TON BRAS PAR LA MANCHE ENFIN !
Il n’en fait qu’à sa tête, qu’il n’arrive pas non plus à sortir du pull. Quelle gourdasse !
Et quoi ? Il a besoin d’aide le grand garçon ?
Mais ce n’était pas fini. Non. A peine a-t-il passé la première qu’il cale en plein milieu de son virage. Un vrai danger public. Comment peut-on le laisser conduire ? Et une erreur en entraînant une autre, il fonce maintenant en roue libre dans la rampe infernale l’amenant vers la sortie. Il pouvait entendre le moteur en mal d’amour qui exigeait plus de douceur. PLEEEEEAAAAASEEEE Le suppliait il.
Mais non il n’en avait que faire, il continue à tracer sa route comme la courbe précipitée d’un électrocardiogramme avertissant d’une tachycardie et touche maintenant presque aux limites de son périmètre. Le parcmètre. Il a un pincement au cœur à l’idée qu’il introduise sa carte dans l’automat. La fin de son monde. Sa bite tendue cherche son soutien. L’air de dire, ne le laisse pas partir celui-là.
Mais il ne part pas.
Non.
ll n’y arrive pas.
Il n’arrive pas à se mettre droit. Dans le bon angle pour sortir. Il essaye. Une fois à droite. Une fois à gauche. Il s’y reprend. S’y prend comme un manche. Jusqu’à finir dans le sens opposé. Pratiquement perpendiculaire à son axe. Il le voit taper contre le volant. Sent ses cris. Sa détresse. Il n’y arrivera pas. Non. Il n’y arrivera pas seul.
Il devait l’aider.
Il devait sortir de son cockpit
Et l’aider à sortir de ce parking.
Son monde.
Les bras ballants et les jambes flageolantes, il allait le rejoindre sans savoir comment faire. Comment s’y prendre. Qu’allait il dire.

Tu veux..?

Une phrase qu’il ne finit pas.
Par peur.
Il avait souvent peur. Peur de mal faire. Peur de ne pas y arriver. Pourtant sans savoir comment, ils y arrivèrent. A l’arrière de la voiture. Sa peau, si douce. Son torse imberbe. Ses muscles fins et dessinés. Ils ont froid. Ils rigolent. C’est absurde. Il touche ses dents avec ses lèvres. Leurs baisers ne sont pas à l’unisson et ils se suçotent la langue en laissant de longs filets de bave couler de leur bouche. Mais, il n’y a pas de mauvaise manière de faire. Le n’importe quoi a sa place. Ils se mordent la bouche involontairement mais finissent par aimer. Pourtant, ni l’un ni l’autre n’osent se déshabiller davantage. Et même s' il sent à travers son costume que son RP bande très fort. À en exploser les coutures. Aucun des deux ne va plus loin. Ils se mettent donc d’accord, sans en parler, de juste continuer ainsi. Le sexe bien rangé dans le pantalon à se frotter l’un l’autre.
Sexe contre sexe.
Façon sexe.
Les jambes entremêlées, pour que le haut de leur cuisse vienne se caler sur le pubis de l’autre. Hen Hen Hen.
Hanche contre hanche, à un rythme effréné, le sperme finit par jaillir des deux côtés. Il ne comprit pas tout de suite ce qui venait de se passer. Oui il avait jouit. Enfin ! Jouit. Pas dans sa tête. Pour de vrai. Sur un vrai corps. Contre sa jambe. Sur la sienne coule le liquide qui vient imbiber le velours de son pantalon.
Il l’avait fait.
Les larmes au bord des yeux.
Epuisé par tant d’émotion, d’émotion qu’ils avaient laissé partir mais qui reviendrait sans nul doute, ils s’endorment comme des enfants bercés par le bruit du moteur.
A l’arrêt.
Perpendiculaire à l’axe du parcmètre.
Dans leur nouveau monde.

Bad to the Bone – Surveillance – Maxime Pelletier. Maxime Pelletier est autrice, musicienne et membre de Pilori Prod. Pilori Prod est une agence de booking et de promotion musicale. Maxime Pelletier est bookeuse et programmatrice.

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