Aube
Par Jérémie Vaudaux
alors voilà arrive alors
le point sans nom
celui qui n revient
plus
et dont on n revient
pas
ce point là
c’est l’instant perpétuel le présent l’éphémère la précieuse
que nous nous acharnons
à piétiner
de nos errances
d’humains
d’humaines
aveugles
aveugles
ta crasse ma crasse et elle et lui,
figée face à l’astre troubl’encore
figé dans une joie béate
lui
elle omettait de rendre à la nuit
ce qui lui appartenait
— la part d’ombre qui jamais
n devrait sentir
l’aube lui caresser l’échine
j’te dis j’le sens
c’est la crasse dans ton-mon esprit
c’est clair
on revient des ordures
là-bas un flamant rose
agonisait
des piles usagées
les vestiges de la nuit
et notre sens de la réalité
j’te dis j’le sens toi tu l’sens sur l’échine la caresse ?
maintenant
ça transitionne
c’est l’point de la limite de l’aube de l’esprit
là
le monde vire d’ouate
bercés par les courants
relents des mondes d’avant
les vivants s’arrêtent
l’espace d’un instant perpétuel
le présent l’éphémère la précieuse
aucune destination
tous feux éteints
c’est le noir sur noir
noir encore
à l’endroit de l’envers
de nos pas sur place
piétinement sans hâte aucune
seule importe la fin du temps
consumé par les deux bouts
— rêves d’allumettes et
silences-intermédiaires —
nos chaînes bruissent
sur les silences-intermédiaires
ici là-haut
dans ton-mon-notre esprit
pieds joints
je planons
dans tes-mes-nos silences intérieurs
heureux séjour immobile
au pays des songes balancés
entre deux eaux
paupières fermées
les rives de la réalité
s’éloignent sans bruit
alors je tu
il elle
on largue les amarres
songe vague
et le ressac